Les étudiants ont déjà la tête dans les étoiles
Après six ans de recherche et d’élaboration sur le projet Robusta, le premier Cubesat français décollera en janvier prochain. Laurent Dusseau, professeur à l’université Montpellier II et coordinateur du projet, revient sur l’expérience étudiante.
Qu’est-ce que l’expérience Robusta ?
L.D : Depuis 20ans, je travaille sur l’étude des effets de radiation afin d’éviter les défaillances lors de la construction d’un satellite. Le CNES (Centre National d’Études Spatiales) a lancé en 2006 un appel à projets nommé Expresso. Nous avons alors répondu par Robusta. (...) On a remporté le concourt et planché sur la construction du Cubesat dès 2007.
Pourquoi un Cubesat ?
L.D : L’avantage du Cubesat, c’est qu’il est petit : il mesure 10cm de côté et pèse 1kg. Il est tellement petit qu’il ne peut contenir qu’une seule expérience, contrairement aux plus gros satellites qui en portent plusieurs. Ainsi, si un problème survient, on ne perd qu’une expérience à la fois, même si c’est décevant ! Il ne nous faudra que 6mois pour reconstruire le Cubesat alors qu’un gros satellite représente des années de recherches. C’est un peu le low cost du satellite !
Quelle a été la réaction des étudiants vis à vis du projet ?
L.D : Le projet était totalement libre. De la licence au doctorat, près de 250 élèves se sont vraiment investi. Dans ce domaine, c’est du tout ou rien. Soit on est passionné, soit on ne l’ai pas du tout. La sélection s’est faite toute seule. Certains étaient tellement concentrés sur Robusta qu’ils en oubliaient parfois leurs examens ! Le plus important dans ce projet, c’est que certains étudiants se trouvaient en situation d’échec scolaire, devant une théorie trop poussée ou des notes décevantes. Robusta leur a permis de se réconcilier avec la science, de donner le déclic.
Quelle sera la mission de Robusta, une fois dans l’espace ?
L.D : Nous allons étudier les effets des radiations sur le matériel électronique afin de déterminer les composants les plus résistants aux radiations solaires. D’ailleurs, certains partenaires du projet ont profité du Cubesat pour tester leur batterie, par exemple. L’analyse des données se fera par des étudiants à la station au sol de Montpellier II. On espère voir Robusta émettre durant deux ans et demi.
Êtes vous confiant quant au lancement de Robusta ?
L.D : Lorsqu’on remet la construction finie entre les mains des dernières personnes qui vont effectuer le lancement en Janvier à Kourou en Guyanne, c’est un peu comme si on confiait notre bébé. C’est dans ces moments-là qu’on apprend à être philosophe, tolérant. On a travaillé quatre ans sur le projet, c’est le premier Cubesat créé par des étudiants en France qui ira jusqu’au bout. Il faut être confiant. (...)C’est de toute façon un métier où on reconnait la compétence des gens à leur humilité.
Pensez-vous que la notoriété de l’université de Montpellier changera grâce à cette expérience ?
L.D : On le voit déjà. Toute l’équipe a acquis un savoir faire hors du commun. (...) Nous sommes les seuls en France. Même les scientifiques dans le métier s’adressent parfois à nous. Nous nous sommes incontestablement spécialisés. D’ailleurs, l’expérience a déjà ouvert des portes pour de futurs projets, avec l’université de Moscou par exemple. Nous aimerions ajouter une dimension environnementale à nos recherches.
Agathe Vivès