Regrets -partie 2-
Un jour, alors que nous étions en train de patauger dans la marre aux nénuphars, je ne vis plus Emma à côté de moi... Je me souviens de ce jour-là. Elle était montée dans un petit saule pleureur et se tenant debout et fière, elle brandissait un bâton en guise de longue vue pointée dans ma direction. « Rend toi jeune pirate ! tu es cerné ! » Mais en me fixant, elle n'avait pas remarqué que la branche où était appuyé son pied gauche allait craquer... et dans un cri d'effroi Emma tomba dans l'eau noirâtre de la marre... pour atterrir dans mes bras... « Et vous belle demoiselle, vous rendez-vous ? » Elle me regardait de ses yeux verts intenses. Elle était belle Emma. Son visage me plaisait. Je lui avais embrassé les joues et m'étais promis que plus grand, j'embrasserai ses lèvres.
Un rêve de petit garçon.
L'année suivante, Emma cessa de venir me rendre visite aussi souvent qu'avant. Je croyais qu'elle ne m'aimait plus. J'étais perdu. Mais je compris lorsqu'un jour, je surpris mes grands-parents dire que la « pauvre Emma avait perdu sa mère », emportée par la tuberculose. J'eus peur. Emma n'avait plus que sa mère pour famille. Mes grands-parents l'accueillirent pour un ou deux jours... Mais alors que l'on jouait à cache cache dans ma cabane au marronnier et dans les buissons fraîchement taillés, une voiture noire arriva sur le chemin de cailloux blancs... Quasiment garés sur la terrasse du Café, deux grands hommes minces en costard noir sortirent impérialement de la voiture et s'adressèrent froidement à Grand-mère : « Nous venons chercher la petite Emma. »
Je n'ai jamais revu ma petite Emma. Je l'aimais tant.